4- Une nature qui gêne sans le vouloir

La nature (sauvage) est un miroir de notre inconscient, et source d’équilibre et d’inspiration.

Au début ou quelquefois elle peut déranger pour les impressions (subjectives) qu’elle renvoie: sale, oppressant, envahissant, … Autant de sentiments enfouis qui ne peuvent être reprochés à la végétation tant elle est propre et ne nous menace pas. On a + de risques de contracter une bactérie dangereuse dans un hôpital que dans une forêt.

On peut alors chercher des parades: on la cache, on coupe on taille, on bouleverse, on y met des aménagements souvent sans aucune utilité réelle, on éclaire quand il fait nuit* comme pour s’assurer qu’il n’y a pas de fantôme, on bruite…. Comme on ferait taire un enfant qui dirait des vérités gênantes ou révèlerait un malaise.

* Alors que cet éclairage pourrait faciliter le travail des personnes mal intentionnées

(photo: désherbage)

Je n’ai jamais eu tant peur que ma première semaine passée seul (probablement sans raison, ou pour une raison que j’ai oubliée) dans une cabane sans électricité au milieu de kilomètres de forêts sans voisin autour. Tant peur (bien que je ne trouvais rien de vraiment effrayant), que je n’ai plus jamais eu peur ensuite.

La plupart des gens aiment la nature (on peut aussi lire ceci en remplaçant « nature » par « enfants »). Mais à des doses différentes. lorsque elle s’exprime de façon spontanée, librement, non contrôlée ni dirigée par l’homme, il y a une limite au delà de laquelle il y a une réaction de rejet. Tandis qu’une meilleure écoute, observation, ouverture, admiration, nous apprendrait à réinventer les limites à ce qu’il est vraiment justifié et utile de réprimer, aménager ou transformer.

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                    La guerre contre la nature

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« Là où le sol s’est enlaidi, là où la poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort. »

(1866, Elisee Reclus)

Je constate le plus souvent une opposition de l’homme contre la nature; Il s’installe au bord des routes causant un inconfort pour lui même et dénaturant le paysage des automobilistes, dans des boites posées sur un revêtement stérile ou tondu. Il y reproduit la lumière du dehors par des moyens artificiels. Pour pallier au manque de sommeil ou d’énergie et de vitamines? il prend des excitants illusoires (qui détruisent les vitamines! comme la caféine du café ou coca, nicotine, alcool…), transforme et cuit trop d’aliments comme les matériaux avec lesquels il construit, il brûle tout au passage. C’est dans ces boites et zones dénaturées qu’il se sent chez lui, tant qu’il retire ses chaussures en y entrant au lieu de les enlever sur la terre.

A l’extérieur, ce qu’il reste de la nature n’est plus très accueillant pour qui voudrait y rester plus d’une heure: Quelques arbres (taillés) mais bien trop peu pour ressourcer et protéger du soleil, du froid et du vent, biotope réduit avec pullulations d’insectes indésirés (à cause de l’absence ou l’empoisonnement de leurs prédateurs)… la nature est dirigée, apprêtée, comme dans un musée, et dans des parcs « à la française » qui n’évoquent que géométrie et stérilité, dans des pots de fleurs, aquariums et parfois sur le bel écran d’une télé. Comme si cela ne suffisait pas, cette dernière diffuse 80% de films de tueries moribondes. Quel gâchis, tant pour les équipes qui font les films, que pour les spectateurs.

Il existe des villages où l’humain est comme dans une grande famille, et n’a pas besoin de fermer sa porte à clé. Quelque chose y est plus touchant et naturel car les maisons ne sont pas faites « sur plans », mais improvisées selon l’inspiration de celui qui construit. La plupart du temps j’y regrette quand même que les habitations ou habitants semblent se détourner et se « protéger » de la nature.

(reportage photos)

L’agriculture recyclait et emploie depuis 1945 la chimie de la guerre, détruisant la vie du sol, tant que les plantes sont malades justifiant de nouveaux pesticides. « Il faut faire propre », désherber. Aujourd’hui, le nombre de cancers directement liés à la pollution et malbouffe correspond à plus de 10 fois le nombre de morts aux deux guerres mondiales de 1914-18 et 1939-45. (voir film documentaire « nos enfants nous accuseront »)

Dans le monde il existe heureusement des différences,

– Des cultures biologiques dont le label indique qu’elles sont soumises à des contrôles officiels et inopinés.

– Des labels complémentaires (demeter ou nature-et-progrès) pour les bio qui n’emploient pas non plus d’insecticides biologiques

– des cultures et tribus (plus ou moins par choix ou souhait?) proches et bienfaisants à la nature (voir exemples et analyses)

– Les aires de repos d’autoroute et autres espaces verts intègrent beaucoup de hautes herbes et arbres libres non-taillés dans les pays du nord de l’europe.

– En Chine, Shenzhen est une méga-ville nouvelle de moins de 40 ans, affichée comme un « modèle de modernité », pas de magasin bio ici (faute de confiance dans les intermédiaires du commerce) et ses édifices n’ont rien de naturel, mais elle est posée dans la nature qu’elle inclue aussi largement intérieurement. Au pied des gratte-ciels, il y a la jungle de chaque coté des voies de circulation, sur une largeur pouvant aller jusqu’à 500 mètres… C’est l’idée que j’avais proposée lors d’une réunion publique sur le projet d’urbanisme d’Aix en 2012 ou 2013, garder forets ou cultures au bord des routes et habiter au coeur de la nature.

Alors que Dallas est en faillite car plus personne ne veut habiter au centre-ville et qu’on ne peut y marcher en sécurité, On peut très sereinement se balader à Shenzhen où on remarque beaucoup de prévenance et solidarité, il n’y a aucune agressivité malgré le bruit (très toléré par les chinois) et les 18 millions d’habitants. Les logements incluent de grandes baies vitrées avec vue sur ces « jungles » et des montagnes forestières de tous cotés.

Est il viable? de détruire la nature alors qu’on en fait partie, en avoir peur. S’y opposer, et souvent même se détruire soi-même.

Serait il temps? de mieux la comprendre et (se) respecter, car nous ne sommes plus à une période glaciaire de survie.

Il existe de fausses idées selon lesquelles les plantes se concurrencent, alors que les lierres (et fruits grimpants) n’étouffent pas les arbres et certaines plantes profitent de l’ombre indispensable d’autres. Nous avons dans notre friche et forêt de fruits des semis spontanés et plantes qui ne réussiraient pas en plein champ ou terrain nu.

Si la nature (sauvage) évoque quelque chose d’opportuniste , il serait temps d’y voir de la solidarité, en envisageant bienveillante notre nature humaine, sans peur de manquer ni croyance qu’il faut se battre pour « tirer son épingle du jeu ». Des parents souhaitent que leurs enfants « réussisent » dans la vie en ne se souciant pas de l’utilité ou la bonté du métier qu’ils exerceraient, ni de la démarche, qu’importe même s’ils mentent et prétendent utiles des produits inutiles, le plus important à leurs yeux étant qu’ils arrivent à se reproduire et à nourrir une famille. Je ne vois pas beaucoup de différence entre cet opportunisme et celui des voleurs.

Si la nature (sauvage) évoque quelque chose de menaçant, dérangeant, il serait temps de se poser la question, si l’ordre est lié à la répression, ou s’il est lié à quelque chose de sincère et au risque de me répéter, de respectueux et bienveillant.

la suite ici: « un nouveau style … seul viable à long terme? » (données scientifiques)